samedi 13 février 2010

Trivial rodéo

Un jour le rat sortant de l’eau
Se mit en quête de pitance.
Un chacal arriva qui cherchait lui aussi.

- Dis donc toi là ! dit cet animal qui puait.
L’affaire était entendue,
Le rat l’avait bien vu (venir) :
Ce moche lui cherchait anicroche...

Bien replié en ses neurones,
Le rongeur eut tôt fait de ruser.
- Coucouroucoucou ! Que dis-tu là ? Je n’y suis pas !
Eh oui ! T’as la berlue...
T'as la berlue ! Trou du cul !
Tu me rêves !
Tu me rêves, tu me cherches... tu vas me trouver.

À ces mots entendus
Celui qui emboucanait perdit sa contenance.
Ravalant soudain son aigreur
Pliant bien vite sa hardiesse
Il resta médusé.
Il n’avait plus aucune chance.
Quoi ! Il resta coi.

Écarquillant ses yeux méchants
Il n’eut que cette pauvre réplique
- Mais quel venin là donc me pique ?

Déjà son cœur était troublé
Le rongeur malicieux avait tout calculé :

Juché sur un rocher
Il avait pris la pose.
Et dans sa fixité
Il se tenait pour chose.

L’autre le contemplait. Déjà.
Tour de malin, tour de vilain.

- Ô Maître, que tu es beau ! se plaignit le minable
Et que l'odorat d’autrui me vaut déconvenue !
Tu es bien plus petit
Mais le ciel me le dit
Je le vois là-devant

Tu me toises, tu me toises et me tutoies.
Au métacarpe à peine je t’arrive.
Dis moi ton bien que tu désires
Je me mettrai en quatre
En huit, en dix, en douze
Plutôt que de partir sans point le satisfaire.

C’en était fait du charognard
Tourné tel une crêpe
Toutes griffes dedans, toutes canines oubliées
(Les incisives avaient gagné)
Il avait bien capitulé.

Le rongeur ne dit mot

En Adonis hautain, il resta statufié :
Mutique, façon arctique.
L'autre, d'autant plus stupéfié, réitéra son offre
- "Dis moi ton bien que tu désires..."

Passa un long moment
fait autant de silence que d'immobilité.

Au terme d'une station qui commençait à lui peser
Le rat vit ce chacal de merde
S'en allant la queue basse
Il avait gagné la partie : Ah ! Ah ! Ah !

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