mercredi 30 septembre 2009

La résistance du champignon blanc

Lorsqu'on veut fuir les bruits de la ville, ses cafés, ses poivrots, ses sirènes incessantes... on trouve de beaux jardins : les cimetières.
Soleil, douceur, calme et paix royale... On pourrait presque s'y adonner aux pires exactions en toute impunité.
Alors, je m'assieds sur la seule tombe autorisée, je fume deux Camels et lis 5 pages d'un bon Westlake (Donald).
Dans cet endroit très "végétalisé", pas de fleurs autres que celles en plastique ou polyester, façon soie sauvage...
Et soudain, voilà que s'offre le miracle de cet insolent champignon blanc, en vrai "champignon" pur velours !, de fort belles proportions.
Tout seul au milieu d'une immense pelouse.

Si je n'ai pas osé le prélever pour le consommer, c'est uniquement par crainte de devoir prendre sa place prématurément.
Lâcheté quand tu nous tiens.

dimanche 27 septembre 2009

Mais ce n'était pas fini... (Sur l'Armée du crime)


La jeune fille de 18 ans, qui avait tant pleuré voici deux jours, s'approche, me disant : "Mais dis-moi qui ils étaient. Trouve moi cette Affiche rouge. Aujourd'hui on est des nuls qui courent après de paires de Nike, j'ai honte."
Alors, de guerre lasse, j'imprime le fameux poème d'Aragon chanté par Ferré. Et la dernière lettre laissée par Missak à Mélinée. et - pas de demi mesure - l'Affiche rouge en Google image !

Moi, après un cours d'histoire sur la France collabo, les Résistants et les "immigrés" :
- Non. Pas de honte à avoir pour tes baskets. Comprendre qu'aujourd'hui, honorer ces jeunes gens qui t'ont tant émus car de ton âge, c'est (peut-être ?) défendre les services publics, tenter de voir ce qui se tisse et qui ressemble sans ressembler aux situations de cette époque : Sarko et le pouvoir d'aujourd'hui, pour moi c'est comme Pétain et consorts."
Mais, jeune-fille, si ton siècle, que dis-je, ton "moment" ne sait t'inviter à autre chose que de convoiter des baskets, c'est lui qui pèche, et pas toi !
La jeune fille dort mais nous avons beaucoup parlé.

Lieu du crime/Cinéma/Suite et fin

Mais voilà que, ce 26 septembre, j’ai emmené Lil, 18 ans, lycéenne en terminale littéraire, voir « L’armée de crime ». Catastrophe.
Elle a pleuré et sangloté à chaudes larmes presque tout le long du film. Au point que moi aussi, de la voir dans cet état, j’étais bouleversée : je me suis mise à pleurer aussi, lui demandant si elle voulait qu’on s’en aille.
Elle a juste fait « non » de la tête tant elle était incapable de prononcer un mot.
Ensuite, impossible d’en parler avec elle bien sûr.
Je m’en voudrais presque de l’avoir confrontée à « ça »…
Ce film aurait-il atteint sa cible la plus sensible ?
Une « projection terroriste » et terrorisante ? Une sorte de catharsis sur une jeunesse désemparée par le vide sidérant en face d'elle ?
Je ne sais plus quoi penser.
Au retour, très maladroitement et comme pour m’excuser de la souffrance infligée, je lui dis :
« Je ne comprends pas ce pays qui est le nôtre. Il est le seul d’Europe à avoir ainsi livré ses juifs et ses communistes.
Ça me reste insupportable. Le Danemark, qui était une monarchie, avait (donc) un roi. Celui-ci a protégé mordicus contre l’occupant toute sa population juive. La France, qui était une République, a collaboré jusqu’à la gauche ! Jusqu’à la garde !"
Je lui ai dit ensuite :
"La honte est encore sur nous, vois-tu !
De ne pas comprendre l’infamie toujours présente de ce pays qui est le nôtre depuis si longtemps. Ô, fuyons ! En allons-nous en vite d’ici, car ça continue de puer ! Et Bousquet, copain de Mitterrand, non, vraiment,
tout cela ne passe pas ! Car, ce que la France a fait avec ses Juifs et de ses communistes, elle le refait avec ses Arabes !
Et, par ailleurs avec ses "sans papiers". Qui le voit ? Qui sait l'opprobre où cela nous jettera ?" Forcément.
Quelle infâme nation que celle-là ! De quels "gènes" historiques et existentiels souffre-t-elle donc ?

mercredi 23 septembre 2009

Bestiaire (à suivre) / L'oiseau rare

Je l'avais trouvé hier soir. Blotti au cœur de ma glycine, contre les déchets "verts" que devaient venir prendre les employés communaux. Je ne connais pas les noms des oiseaux. Alors j'ai fait : Help JPV et BB !
Réponse preste et définitive :
- C'est un faisan ! Mange-le !
Moi, je suis restée dans l'expectative, elle était douce et moelleuse dans ses draps de lin blanc.
Le temps d'en sortir, le lendemain matin, il n'était plus là ce beau volatile plein de belles couleurs. Mes voisins l'ont-ils mangé ? Ou bien les hommes du service Environnement ?
J'en sais rien !

Je le regrette. Il était beau et craintif. On aurait pu faire un bout de chemin ensemble.
On l'a fait. Mais ce fut bref.

Paul Claudel

« Adieu, amis, nous arrivons de trop loin pour mériter votre créance ;
Seulement un peu d’amusement et d’effroi.
Mais voici le pays jamais quitté qui est familier et rassurant.
Il faut garder notre connaissance pour nous,
Comprenant comme une chose donnée dont on a tout à coup jouissance,
L’inutilité de l’homme pour l’homme, et le mort en celui qui se croit vivant.
Tu demeures avec nous, certaine connaissance, possession dévorante et inutile.
L’art, la science, la vie libre…
Ô frères qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ?
Laissez-moi seulement m’en aller ; que ne me laissez-vous tranquille ?
Nous ne reviendrons plus vers vous.
Le vieux parieur est parti tranquillement pour sa patrie la plus profonde. Le vieux Colomb s’est embarqué pour ses Amériques intérieures (la nation lui a porté des fleurs. C’était justice.)
Il est parti pour ses grands soleils et ses grandes eaux.
Vous restez tous, et nous sommes à bord, et la planche entre nous est retirée.
Il n’y a plus qu’un peu de fumée dans le ciel, vous ne nous reverrez plus avec vous.
Il n’y a plus que le soleil éternel de Dieu sur les eaux qu’il a créées.
Nous ne reviendrons plus vers vous. »


Paul Claudel, je crois, avait écrit ce texte afin qu’on le lût à sa disparition.
C’est l’écrivain Alexandre Vialatte qui le fit le premier. Il le republia dans une de ses chroniques. J’attire l’attention sur le contenu du texte de Claudel. Ce catholique profondément croyant y émet un doute, voire un certain athéisme et un noir pessimisme, qui font de son propos, ici, un exemple à considérer. Que ce soit en écrivant, ou, plus simplement, en parlant, on en dit toujours plus que ce qu’on aurait cru.

PHOTO MUETTE / À MON PÈRE


Trop vif le souvenir, trop vive la vie : cette photo restera muette.

Enfin un vrai tombeau pour ceux de l'Affiche rouge/Au cinéma

Grande chance et petit privilège d'avoir vu, voici un mois et demi, en avant-première sur invitation - c'est-à-dire avant tout le monde, un film qui vient tout juste de sortir, là.

"L'armée du crime", de Robert Guédiguian, est parfaitement surprenant.

Et "surprenamment" parfait.
Car... Qu'attendions-nous à vrai dire ?


Eh bien nous attendions qu'on ne nous donne plus de leçons recuites, yes !

Pari tenu ici contre toute attente. 
Nous voulions enfin rire un tout petit peu (si peu que ce soit avec les acteurs de l'histoire) et non plus, seulement, pleurer dans le vide sur des héros abstraits...

Histoire de mieux vous rendre hommage, à vous, FTP-MOI, passés dans la légende, une si lourde légende.
Dieu sait si j'en ai lu des livres, si j'en ai vu des films et des « docus », sans parler des chansons. C’est toujours facile à dire après coup, certes. Mais, disons-le enfin, la France entière vous a lâchés, et pas seulement sa hiérarchie policière.

Et pourtant.

Votre héroïsme m’a toujours été effrayant. Votre jeunesse si tôt interrompue me faisait pleurer, toujours. Que tirer de cela ? Pas grand-chose au fond.

Et voici que quelqu'un revient sur vos vies, votre histoire, sans me tirer des pleurs vains, sans attiser mon insurmontable et toxique ressentiment envers un passé passé, déplaçant cette colère sourde et sans fin vers le si vif présent.

C'est le tour de force et la prouesse de ce film. Un film « classique », merveilleusement fait, exactement comme il le fallait. C'est ce qui manquait.

Robert Guédiguian a raison : la fiction permet tout, autorise tout, c’est une maîtresse es liberté.
C'est le grand risque du créateur qui se lâche des deux mains : ça passe ou ça casse.
Or, cette prise de risque fait que nous pourrons enfin, désormais, vous honorer sans crainte.
Soixante ans ont passé. Et nul n'avait su jusqu'alors mieux dire que ce ce film,

la vraie vie, la vôtre mais aussi la nôtre, spectateurs et "voyeurs" que nous sommes pour le meilleurs et pour le pire. Comme si Robert Guédiguian était venu au cinéma pour dire ÇA, créditant, du coup, le spectateur d'un capital de confiance qui honore l'un et l'autre...

Son grand mérite reste, entre autres, de vous soustraire au fardeau des archétypes qui nous ont tant pesé, et si longtemps tenus éloignés de vous, comme modèles plausibles.
De plain-pied dans le présent - le vôtre au moment des « derniers instants », que vous ignoriez comme tels - on vous voit vivre, c’est-à-dire douter, discuter et débattre, jouer, rire, tuer, aimer...

C'est le mystère de l'incarnation que manipule l'auteur de ce film, et vous voilà ré incarnés, redevenus "utiles" comme vous aviez entendu l'être, comme vous auriez toujours dû l'être.

Et l'on peut enfin oublier (tout en le sachant) que vous allez mourir bien avant nous...

Car, pour une fois, une première fois, quelqu'un vous montre dans votre présent, un éternel présent.
Du coup, nous pouvons enfin vous RAPATRIER dans le nôtre !

Presque faire de vous des "potes" , ce que vous n'auriez jamais dû cesser d'être.
Le lyrisme et ses ravages sont - enfin ! - dans ce film, tenus en respect, à distance.
"C'est un film sur la vie sur la jeunesse. Et pour la jeunesse d'aujourd'hui" : dixit l'auteur en fin de projection.


Ça, c'est vrai de vrai, bien vu et sans prix. 
C'était le seul biais pour vous récupérer, jeunes, beaux et, étranges étrangers, de vous rapprocher de nous à qui vous manquez encore...

Même si "vous n'aviez réclamé la gloire ni les larmes", ce film, en vous soustrayant à l'héroïsme abstrait, en vous déplaçant de la gloire et des larmes, vers cette vraie vie qui fut la vôtre, cette insolence suprême, nous aide, nous plaît.
Cet héroïsme lyrique, celui qui, depuis vous, nous fait tant peur, vous éloignant injustement de nos vies à nous, où l'on vous contint si longtemps, n'est plus.
Ce film parfait pour l'instant (aux acteurs merveilleux) vous rapproche enfin. 

En outre, "L'armée du crime" parvient à ne pas être complaisant sur les scènes de torture, tortures réelles que vous avez pourtant endurées bien plus longtemps qu'on ne le voit.
Mais il était temps de vous inscrire dans une vraie fiction pour mieux vous

rencontrer/retrouver aujourd’hui.
Vous le valez bien, si vifs que vous restez !





dimanche 20 septembre 2009

Limbes

Sur la boîte en carton, sous la poussière des siècles, c'est marqué : Pandore. (Que viennent faire les poulets ici ?).
Les sels d'argent conservent les images, mais l'effacement subsiste. L'absence dure longtemps.
***
Six mois avant ma naissance, je le savais déjà, pap' mam', que la vie était une épreuve, qu'elle resterait à jamais non fixée et sans retouche possible.

samedi 19 septembre 2009

Photo "téléphonée"-Îles du Frioul

Balade


Ceci est un vrai coquelicot
poussé tout seulet entre deux pierres du Fort Saint-Nicolas

LE GÉNIE DE L'OUTILLAGE - Les outils sont comme des mots, ils sont tout un langage. Le Livre de l'outil est, lui, un trésor.

Paru tout d'abord en 1976 pour l'édition originale, il est ressorti en 2003 dans sa maquette d'origine, respectueuse de l'état d'esprit dans lequel il fut conçu.

J'ai rencontré ce livre il y a peu, par hasard, en musardant au rayon Arts d'une très belle et très grande librairie. Je venais d’hériter d’une belle quantité d’outils de mon père et de ceux avant lui.
Intéressée autant par mes ascendants que par cette étrange confrérie d’objets aussi mystérieux que complexes, Le livre de l’outil n’eut, dès lors, qu’un modeste clin d’œil à m’adresser.
L'ayant saisi, j'ai vite compris que j'allais demeurer longtemps là, à l'examiner sous toutes ses belles coutures, captivée non seulement par son sujet mais par l’époustouflante qualité de l’ouvrage. J'ai compris que lui et moi, nous deviendrions complices d'âme, au sens où les couteaux et le silex ont une âme vraiment nécessaire...

Alors, je me suis assise sur le petit tabouret que le libraire bienveillant avait offert à mon séant. Ça le valait bien car l'ouvrage pesait dans les trois kilos.
Le Livre de l'outil n'est pas un livre ordinaire. Et - disons-le tout de suite - je m'en suis rendue propriétaire afin de continuer d’en jouir durablement : 95 euros. Ça les vaut. En fait, c’est aussi un livre de « poésie ».
Le Livre de l'outil dresse l'inventaire des mille et une ruses qu'à su se donner la main humaine depuis qu'elle existe, pour satisfaire au désir de conquête qui lui est propre et unique.
Cet inventaire, loin d'être fastidieux, sèchement savant ou purement technique montre ici, dans un texte magnifique et exemplaire, la fantaisie imaginative qui préside à la conception et à la fabrication d'un outil.
On est saisi par la beauté du texte, sa profonde intelligence, sa belle intelligibilité. On imagine que ses auteurs ont été en phase avec les textes de Gaston Bachelard que sont La terre et les rêveries de la volonté, La psychanalyse du feu, ou encore La terre et les rêveries du repos.
C'est ce qu'il fallait sans doute pour faire de ce livre un véritable trésor, trésor à la hauteur de son sujet que l’illustration, très abondante, remarquablement choisie et légendée
vient confirmer haut la main…
Exemples-citations :
« Toute considération seulement technique sur l’outillage est une considération étriquée et nulle. Un geste non conscient de ses origines et de ses fins érige des murs aveugles. ».
« Le règne des spécialistes est celui de la séparation, de la dépossession ; les détenteurs d’une spécialité, eux-mêmes rendus inaptes à toute pensée de l’universel, comme à toute rêverie authentiquement pratique. »

Seul compte vraiment, en définitive, qu'il soit sauvage ou civilisé, barbare ou discipliné, le travail ouvrier.

C'est ce que me dit ce livre, sa leçon de beauté, son hypothèse d'humanité.

Cet article a été publié/Il est protégé par un copyright.

vendredi 11 septembre 2009

Martine est grave sur les tombes

Martine s'ennuyait.
Alors elle s'est rendue ce soir sur la toute petite-petite tombe de son père et de sa mère, incinérés voici un an, tous deux ayant filé l'un l'autre, sans véritablement crier gare, à trois semaines d'écart...
Mais la vieillesse, pourtant "naturelle" désormais, demeure impardonnable.
On s'en fout papa ! On s'en fout maman !
Un soleil de feu se couchait vaguement. J'avais trop chaud papa !
Alors, je me suis assise sur votre petite stèle, ma seule propriété, et j'ai allumé ma trentième Camel, tout en continuant de penser à vous.

Trois roses pour vous, papa maman.
Pour dire qu'il n'y a pas d'oubli possible.

Et ça sur un bristol :

Merci pour le présent.

Merci pour le passé.
Et merci pour l'incertain avenir.

jeudi 10 septembre 2009

Martine aime avoir le fou-rire/Panthéon

À la claire fontaine

Je me citron pressé

J'ai pris vélocipède

Que je Mississipi

Il y a longtemps queue de vache

Jamais je ne tourniquet.

***

La gourgandine, bien sûr,
jalouse les auteurs
de cette immense chanson réaliste,
mais d'autres l'ont écrite.
Le concours est ouvert !!!
Il y a fort à gagner.

mercredi 9 septembre 2009

Martine parandélève (bis)


“ Voie a
nale ” : c’est ça qui est marqué sur la boîte achetée à la pharmacie comme étant des suppositoires.
Je lis à haute voix, et je demande à Lil, 11 ans :
Sais-tu ce que ça veut dire, voie anale ? !
Manifestement, elle ne sait pas. Le pire, c’est qu’elle a l’air de s’en
balancer.
Je m’énerve un peu, puis je lui lance :
- Anale ! C’est un adjectif ! Un adjectif au féminin ! Masculin : anal, sans e ! Il y a un nom qui va avec : un “ substantif ” te dira-t-on. Dis- moi de suite lequel, tu le sais ! Pas possible que tu ne trouves pas ! Cherche !
Lil tourne autour du pot un moment, puis finit par se risquer :
- Anis ! me sort-elle triomphante.
Je pouffe aussitôt. Puis j’articule entre deux éclats de rire :
- Et les bonbons à l’anus, tu les aimes ? ! À moins que tu ne préfères les bonbons de La pie qui chie, marque célèbre entre toutes !
Tandis qu’elle a rougi jusqu’aux oreilles, je luis explique le mot "anus".
« Trou-du-cul quoi ! »... lui dis-je pour finir.
Je m’aperçois alors qu’elle confond les mots, si difficiles à retenir, de “ anus ” et “ pénis ”, qu’elle a contractés...
Probablement en serrant les fesses !
Ce qui donne à penser au grand psychanalyste, spécialisé dans les sexualités enfantines, que je suis.

Martine dessine


... et s'essaie aux encres et lavis de temps à autres.
Et comme elle aime les légumes mais ne possède pas assez de jardin,
elle enfouit sous de jolies encres colorées les tubercules de son choix.
Et maintenant,
"Sous la terre, la patate attend son heure."

mardi 8 septembre 2009

Martine à l'océan


Un poil dans la main ???
Non, non, non !
Si la pêche est fructueuse, pas de blâme !
Poulpes, seiches, calamars sont bizarres
mais sympas à cuisiner.
On vous en dira plus un peu plus tard.

Martine éditrice

Martine a vieilli.
Elle a fini par entrer dans la prestigieuse maison de Gaston.
Comme il l'a à la bonne, il lui autorise quelques caprices, genre publier/exhumer de vieux trucs plus ou moins de bon goût qui feront quelques sous sur le dos des amateurs d'arts baroques.
(Sur commande uniquement.)

Rentrée littéraire (ter) Martine parandélève

Campagne de promotionnelle
Martine a emmené sa fille Lil flâner à la librairie branchée de son patelin.
Ci-dessus les étals du libraire. Au fond, le libraire en personne

Martine s’ennuie aux “nouveautés”, dont la profusion indécente, cette rentrée, malgré la "crise", gave encore jusqu’à l’écœurement.

Elle n’est pas venue pour ça, mais pour commander de vieilles choses introuvables.
Autant dire pour la gloire.

Lil, à peine partie au rayon “enfants”, ramène un livre qu’elle réclame à sa mère.

«Non !» lui répond sèchement celle-ci. C’est net, tranchant et catégorique.

La dame à côté lève brusquement la tête vers Martine. Si si : elle a tressailli.

Rien qu’à sa touche - et vu le temple où l’on se trouve - Martine devine sa pensée unique.
Au bout d’un moment, la petite, éconduite mais pas découragée, a ramené un autre livre, plus modeste, pensant sans doute que cette fois-ci ça va marcher : «Allez, maman... s’il te plaît...»
Mais sa mère lui achète au moins deux livres par semaine. Cette semaine ça a été quatre - non cinq ! - livres.

Et ça, la dame qui "espinche" ne le sait pas.

«Non et non ! C’est non !» aboie Martine, excédée pour de bon.
La dame est toujours là, à côté, genre intello de gauche en proie à l’échec scolaire des autres.

À ce deuxième refus, elle n’a pas bronché, son opinion est faite., ça se voit - à peine - à la forme qu'a pris son sillon naso-génien. Mais, la tête farouchement baissée, elle se délecte, pensant passer sans aperçu...


Alors, cette fois, Martine - qui l’a reniflée - reprend, toujours aussi sèchement à l'intention de la bonne femme cette fois-ci : «Écoute Lil, ça suffit ! Des livres tu en as déjà beaucoup trop ! Et tu les as pas tous lus ! Et puis, tu sais, les livres, quand ils deviennent trop nombreux, ils se liguent contre les enfants pour, à la nuit tombée, venir les manger ! Les tiens, si on en achètent encore d’autres, vont faire comme les gens qui, quand ils sont trop nombreux, deviennent sauvages et incontrôlables. En vérité, tous ces livres sont féroces, et ils n’attendent que ça : venir te dévorer ! Il paraît qu’il commencent par les pieds ! Et c’est terrible !»


La dame à côté a pâli. Elle tremblote de toute sa fibre, son hypothalamus pédagogique en est tout ébranlé.


Demain matin elle dénoncera Martine à la DASS.

Et aussi, pour faire bonne mesure, à l’Inspection académique.
Surtout, elle racontera à son entourage et à ses amis ce cas pitoyable qui l’a si profondément révoltée. Et tous opineront du chef, partageant dans une consensuelle affliction son noir caviar en disant : «Ça ma bonne amie, c’est du F.N. tout béni ! »

Et la dame sera réconfortée. Un peu.

Mais tout ça c'est si bon !

Vacances/ Martine zéro chez Martine un


Quand une Martine
rencontre une autre Martine
Qu'est-ce que ça donne ?
Des histoires de Martine...
***
Sonnez les Martine !
Ding, ding, dong
!
Gigues, dingues, donc !
(En chœurs svp)

Rentrée littéraire (bis) - Littérature grivoise


AUTRE EXTRAIT / INCITATION À L'ONANISME

Deuxième déclaration d'amour

Mademoiselle,
J'ai attendu trois mois, qui m'ont semblé longs comme une éternité, avant de confier au papier le tendre aveu que, par timidité, en votre présence, je me sentais absolument incapable de vous faire de vive voix.
Je me sens beaucoup plus brave la plume à la main...

Martine chez le libraire/Rentrée littéraire


Ouf ! La littérature féministe reprend du poil de la bête. Voici l'un des coups de cœur de Martine dans une foisonnante moisson, poissonneuse friture littéraire. Un ouvrage à la fois rebelle et utile qui affiche
une liberté de ton rafraîchissante.


EXTRAIT/MON SECRÉTAIRE -
MANUEL DE CORRESPONDANCE


Lettre pour faire cesser les assiduités importunes.

Monsieur,
Non content de me suivre dans la rue et de me faire de sottes déclarations, vous avez poussé l'impertinence jusqu'à m'envoyer une gerbe de fleurs en l'accompagnant de votre carte. Je m'empresse de vous retourner l'une et l'autre, en vous invitant formellement à vous dispenser de semblables envois. Vous vous êtes mépris sur mon compte. Je suis une honnête femme, monsieur, et je n'ai pas souvenance d'avoir fait quoi que ce soit qui puisse vous autoriser à m'importuner de la sorte. Allez porter ailleurs vos hommages et vos fleurs. Afin d'éviter un scandale, je vous ai épargné un affront public, mais dans le cas où vous seriez assez mal inspiré pour enfreindre ma défense, mon frère, que j'ai mis au courant de vos assiduités déplacées, ne manquera point de vous rappeler, d'une manière beaucoup énergique aux sentiments des convenances.
Croyez, monsieur, à mes parfaites civilités.
Cécile Dubreuil.

Mes voisins sont formidables


Ce matin aux aurores, mon abominable voisin s'est fait casser la gueule par le fils de sa maîtresse. Sur le trottoir. C'est sa voisine du dessous, une blondasse foldingue qui me l'a raconté, visiblement émoustillée...
Il paraît que l'autre disait “Tu l'as bien baisée ma mère ! Hé ben moi je te nique la gueule !”. Ouille. Et, effectivement, c'est bien ce qu'il lui faisait. À grands coups de godasse dans la face de l'autre, à terre, devant une brochette de passants pétrifiés.

Car l'aguichante Hélène, la soixantaine décolorée, fut témoin de la scène. Aussi s'est-elle empressée de venir me narrer tout ça par le menu, sans se soucier de savoir si ça m'intéressait. Elle semblait animée d’un plaisir mauvais. Bien.
Bien fait ! Bien, bien fait ! disaient ses yeux – qui disaient le contraire de sa bouche déraisonnablement fardée.

Pourvu que le récit ne soit pas trop long me disais-je en moi-même sur le pas de la porte tout en m’efforçant mollement de mimer l’intérêt.
Tout ça c'est la faute de l'enzyme adhényl-cyclase ! Et que dire de la responsabilité des protéines G ? Quant à l'implication des amines cérébrales, j'y mets sans délais ma main à couper ! Une réflexion que j'ai soigneusement épargnée à la godiche histoire d'abréger nos souffrances respectives.

Quand, quatre jours après les faits, j'ai croisé cet infâme enfoiré dans la rue, il s'est ouvert à moi de ses tracas : Il avait les deux bras bandés et la tronche toute noire. “Ça me va tout droit à l'hypothalamus ! Tenez, vous me le fendez, cher monsieur Eschkz.” ai-je dit par pure hypocrisie. Par devers moi je l'appelle "monsieur consonne", ou - mieux - "monsieur qu'on sonne", comme il est dit plus haut... C'est bien simple, on peut pas l'appeler, tellement il est... vilain, tiens !

“Et vous allez porter plainte j'espère !” Bref, moi je lui ai dit ça en prenant ostensiblement un air affligé et compatissant, tout en feignant la surprise (je n’étais pas censée savoir). Vu que je voulais pas qu'il sache pour la poire Belle Hélène. Qu'elle avait cafté quoi ! Ça aurait aggravé leur différend, une sombre affaire de chaudière que chacun dit qu'elle est à lui et qu'ils se disputent à grands coups d'huissiers et de tribunaux.

Il a pas trop moufté. Il m'a juste dit que cette fondue, elle l'avait quand même soigné et qu'il lui était reconnaissant, mais que c'était une fondue quand même, peuchère.
Ensuite, en venant chercher son volet qui était tombé dans ma cour trois jours avant à cause d'une tornade métaphysique, il m'a proposé 4 000 roubles sur la vente de son loft si j'arrivais à le fourguer.
Alors là ! il peut toujours se brosser ce vieux con.

lundi 7 septembre 2009

Martine au Musée de l'Homme



Rendez-moi mon chien

(Pour ceux qui ne la connaîtraient pas)
Un berger faisait paître son troupeau au fin fond d'une campagne quand, d'un nuage de poussière surgît une rutilante Range Rover venant dans sa direction. Le chauffeur, un jeune homme dans un complet Armani, chaussures Gucci, verres fumés Ray Ban et cravate Hermès, se penche par la fenêtre et demande au berger : - Si je peux vous dire exactement combien de moutons il y a dans votre troupeau, m'en donnerez-vous un ? Le berger regarde le jeune homme, puis son troupeau broutant paisiblement et répond simplement : - Certainement. L'homme gare sa voiture, ouvre son ordinateur portable, le branche à son téléphone cellulaire, navigue sur Internet vers la page de la NASA, communique avec un système de navigation par satellite, balaie la région, ouvre une base de données et quelque trente fichiers Excel aux formules complexes : finalement il sort un rapport détaillé d'une dizaine de pages de son imprimante miniaturisée et s'adresse au berger en disant : - Vous avez exactement 1 586 moutons dans votre troupeau. C'est exact, dit le berger. Et comme nous en avions convenu, prenez-en un. Il regarde le jeune homme faire son choix et expédier sa prise à l'arrière de son véhicule, puis il ajoute : - Si je devine avec précision ce que vous faites comme métier, me rendrez-vous mon mouton ? - Pourquoi pas? répondit l'autre. - Vous êtes Ingénieur Qualité et vous faites des Audits dit le berger. - Vous avez parfaitement raison, comment avez-vous deviné ? - C'est facile. Vous débarquez ici alors que personne ne vous l'a demandé, vous voulez être payé pour avoir répondu à une question dont je connais la réponse et manifestement, vous ne connaissez absolument rien à mon métier. Maintenant, rendez-moi mon chien !

dimanche 6 septembre 2009

Martine et la lutte anti tabac


On nous embête (pour rester polie) et on veut nous empêcher de choisir, avec notre vie et ses saveurs, nos risques (et astuces incertaines) pour passer dignement l'arme à gauche !
Mazette !
Mais dans quel monde éternuons-nous donc ?
Et où tousserons-nous, cracherons-nous ensuite ???

À venir (série des Martine)


Martine chez le psychanalyste
Où il sera question de la vie, de la mort, de la maladie, de la procréation téléguidée, voire "téléportée", de la névrose grandiose, de l'appétit de la vie. Et, surtout, du rire de Dieu.
(Avec des images décoiffantes illustrant les comportements étranges des poissons volants ).

Bestiaire (à suivre)


Je vous présente mon chien.
Moi, je l'aime mais attention, il est pas très sympa avec le bas peuple.

À vrai dire il faut juste savoir le prendre.
(C'est une pince très spéciale qui sert à avoyer les scies : amusez vous bien avec les dicos et les éthymologistes !)

Terre+air+feu+eau

Brigitte,
Cette pièce que j'ai photographiée chez toi cet été
me fait de l'œil depuis des semaines.

Elle me plaît beaucoup.
Je ne résiste pas au désir de la "balancer" ici,
de l'envoyer dans l'espace
.
Regarde.
Elle en a de la gueule, non ?
Continue dans cette voie.
À vrai dire je te fais de la "lèche". Car j'aimerais que tu me la donnes, cette pièce. Je l'accrocherais sur un mur de mon manoir pour - enfin ! - faire état de "signe extérieur de richesse".

samedi 5 septembre 2009

Ficelle à poulet/ SÉRIE RAPINES - À suivre

Samedi 30 janvierXXXX

Aujourd'hui j'ai volé de la ficelle à poulet. Il y a longtemps que je convoitais cet objet et que j'avais envie de commettre ce larcin. J'ai donc fini par voler de la ficelle à poulet. À Carrefour : c'est là que je voulais le faire.
J'y suis allée ce jour et dans cette intention.
D'abord, j'ai fait mine que l'étiquette portant le code barre tombe par terre sans que j'aie l'air de m'en apercevoir. Mais avec le pouce, discrètement, je l'avais aidée... J'avais ma grosse veste avec des manches trop longues : c'est bien simple, quand je la porte, on voit pas mes mains. Autrement dit, la pelote, on la voyait déjà plus. Après, l'étiquette s'est détachée, et elle est tombée. L'air de rien, j'ai mis ma main dans mon sac : dedans, il y avait la jolie pelote. Faut pas demander la joie !
8,90 francs, ça coûtait. C'est pas pour les sous que je l'ai fait, non, je l'ai fait pour la gloire : pour ma petite gloire intime (il faut savoir garder petites ses gloires. Et secrètes ses lubies intimes). Voilà pourquoi je l'écris dans mon journal intime : personne d'autre n'en saura rien.
Elle est belle ma ficelle à poulet ! En beau lin blanc, très fin et cependant solide. Peut-être un peu trop fin pour ce que je veux en faire d'ailleurs... C'est pour ça aussi que je l'ai volée : j'étais pas sure que ça marche.
Avec, je veux me faire un collier. Attacher les uns aux autres - mais espacés entre eux - les bonbons en pâte de verre colorée que ma sœur m'a offerts. Je veux frimer avec des gros bonbons en pâte de verre et de la ficelle à poulet autour du cou. Des bonbons en pâte de verre que ma sœur m'a offerts et de la ficelle à poulet que j'ai volée. J'irai frimer à Carrefour par exemple. Parce que, franchement, qu'est-ce que j'irais me montrer avec un poulet attaché autour du cou, non mais !... Vous m'avez pas bien regardée ! Sans les bonbons de ma sœur, franchement, ça vaut rien.
Je vois vraiment pas pourquoi ils osent encore vendre de la ficelle à poulet ! Vu que les poulets, y'a plus vraiment besoin de les attacher. Tandis que les bonbons en pâte de verre...
Mais non : dessus, y'a marqué "ficelle à poulet", ou quelque chose dans ce goût-là.
C'est pour ça, vraiment, que je l'ai volée au fond : j'aime pas qu'on se paie ma tête. Surtout quand j'ai rien fait pour. Genre, me balader avec un poulet attaché autour du cou... Là oui, je comprendrais. Mais sinon...

L'aristocratie du bon goût/ébauche 1/1989

Bonjour. Je suis la poupée Klaus Barbie.
Marie-Antoinette, c'est par où ?

Rien à ajouter.

Mon oncle / Martine en famille


Lui, je l'aime depuis longtemps.
Le 14 juillet dernier, j'ai raté le train. Je suis toujours en retard, ou alors c'est le train qui fait pas ce que je veux...
Alors, deux jours après, qu'est-ce que j'ai fait ? J'ai pris ma Peugeot polluante et je suis été le voir là-bas loin, à Saint Nazaire, où ils fabriquent les gros et beaux bateaux.
Ah ! Me faire photographier avec LUI !!! Faut pas demander la joie !
On lui avait cassé sa pipe mais je l'aimais quand même.

LA CHASSE EST OUVERTE- Bienvenue


Passer du jour au lendemain et du coq à l'âme sans mise en garde avant coureuse,
entre le journal "in time" et celui de la planète à retardement,
telle sera l'incertaine ligne éditoriale de ce blog à l'arraché. Rubrique "blogs lents".
Le grand écart, le faux bond, le sursaut caractériel s'y disputeront la partie

avec beaucoup d'autres feintes mais sans mauvaise malice.

SINON C'EST PAS POSSIBLE, COMPRIS ! ! !
Ultime précision : le Diable est absent. L'Autre aussi.
Ci-dessus : jaquette non finalisée d'une BD en prépa'.
Encres et aquarelles : Sylvie B. graphiste plasticienne.