lundi 11 janvier 2010

Ma grippe cochonne : témoignage


J'ai fini par céder car, du coup, la peur s'était emparée de moi...

Alors, je suis été me faire piquer samedi dernier, sous le grand chapiteau blanc qu'ils avaient dressé pour ça dans mon village. 
Il y avait plein de toubibs (enfin, je crois que c'en était) mais vêtus de noir. Tenez, ça ressemblait à s'y méprendre à des bur... burqa. Vous savez, ces trucs que mettent les bonnes femmes dans des pays très très lointains, ces grandes toges noires avec juste l’écran qui se voit, et qui ressemblent aux téléphones portables d'il y a quelques années. Surtout à ceux de chez Matra, contre qui pourtant j'ai rien contre, le pauvre. Molière les évoqua abondamment, Daumier excella à les mettre en image.


Bref, toujours est-il qu’à la piqûre où je m’étais rendue dans l’inquiétude, j'ai fini par avoir mon tour, tout en balisant méchant... 
La peur écartèle : c'est soit la piqûre de mort, soit la mort sans la piqûre. 
Merde : on n'a jamais le choix du gras du bras ou de la cuisse en fait !

Alors, j'ai fini par réaliser - trop tard - que je m'étais trompée de grippe ou de lettre, ce qui n'était pas pour me rassurer ! Oui, c’est ça : j'avais confondu les lettres, vouiche, comme je vous le dis !
Ah ! Tous ces codes secrets et sigles pervers, on se croirait chez KGB-CIA années cinquante !
Et toutes ces grippes qui en plus nous embrouillent en changeant de chaussettes tous les jours ! 
Comment s'y retrouver la brebis ??? 
Il y avait là une dame bien en chair, elle, qui rigolait tout le temps de partout. Sur le coup ça m'a rassurée. Surtout qu'elle avait précisé lorsque nous étions tous entrés dans la chambre à pique : 
- Je ne suis pas la brebis égarée ! Je suis votre louve garouse !
J’ai pas vraiment compris mais ça m’a fait de la paix dans le tréfonds de mes peurs sans savoir.
 Alors, tout cela me tournait sous le couvre-voile, m'embrouillardant un peu plus... Mais il était bien trop tard !
Le type en burqa m'avait saisie prestement puis piquée illico non sans m'avoir dit :

- Regarde moi bien dans les yeux ma petite, tu ne sentiras rien !
 Ils étaient beaux et verts, ses yeux qu’on voyait qu’eux.
Mais moi j'avais toujours de plus en plus la pétoche.
 Quand il s'est tourné vers le suivant (un gamin de 15 ans tout seul) j'avais déjà, sur le bras, un affreuse pustule verte très douloureuse. 
Elle avait la couleur... tenez, celle du dollar-billet-vert. Bref, ce vert-là en tout cas. 
Je le précise juste au cas où ça intéresserait les savants chercheurs qui cherchent à comprendre les couleurs des maladies. Car je veux contribuer et participer.

Après cette piqûre qui me faisait si mal et qui, je crois, coûtait si cher (des eurodollars m’a-t-on dit : kézaco ?), je m'étais immédiatement retournée vers la poubelle, réflexe de pure méfiance...
C’est bien simple : j'ai gardé par devers moi, dans ma poche de kangourou, le ticket-iquette identifiant révélateur.
 Dessus il y avait encore d'autres lettres : 

Rétrovirus ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ. En plus petit, dessous, il y avait marqué : AH ! AH ! AH ! CO2. Qu’est-ce que ça veut dire ???
Il va sans dire que je tiens cette information à la disposition favorable de qui voudrait l’entendre de A à Z sortie de mon kangourou.
Mais vite, vite ! Si quelqu'un ici peut me décoder ce sigle sibyllin rapido, allez, je lui rétrocède mon billet gagnant de l'euro-million : 200 euros (ou francs, ou piastres, ou roupies, je sais plus) : trois cartouches et demie de Marlbocamel en somme. 
Car, je l'avoue, je suis épouvantée et... toujours verte de peur. Je comprends rien à cette histoire, moi. 
Merci aux savants qui me répondront ici pour m’éclaircir la comprenette.
Et merciencor ! Encor !
M.
P.S. - Deux jours après, je vais mieux, la pustule vire au jaune paille. Mais je l’avoue : j’ai eu chaud ! Car, quand j’ai voulu revoir le docteur en toge noire, il avait filé à l’angle à l’aise de la rue Adolf H., emportant avec lui sa mallette d’abécédaires vaccinaux.

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