dimanche 11 octobre 2009

Je vous écris d'un pays lointain (titre emprunté à Henri Michaux)


"Un jour, il y aura autre chose que le jour..."
Dixit jadis l'ami Vian.
"Un jour que l'on appellera le Jodel", ajoutat-il...
Aragon, lui aussi, y était allé de sa jolie plume
Avec son "Jour d'épaule nue, couleur d'orange"...
Qui devrait bien venir un jour...
Moi, j'aime ce type (ainsi qu'Aragon, ma foi)

Et pourtant je crois le contraire.
Tout le contraire d'eux.

Tout le contraire d'eux.

Non,
Il n'y aura pas d'autre jour
Plus jamais d'autre jour

Il n'y aura plus rien
Rien
Jamais rien d'autre que nos jours
Eh pardon : "que vos jours", les vôtres.

Il n'y aura plus d'autres jours Mounette Mamie Blue
Plus d'autres jours Papounet can you help me
Ô can you help me

Il n'y aura pas d'autres jours Mamé, Papé !
That s' life
And that's death.

Les croix de guerre ne s'entasseront plus dans nos cimetières
On n'en veut pas
On n'en veut plus
Mais la vie va avec peine cependant

Alors on sera là, face à une stèle vide
Que l'on sait vide de vous
Seulement pleine de votre essence minérale
Un "précipité" diront les chimistes
Mais plein
De votre essence essentielle peut-être ?
Qu'en sais-je moi, esseulée de vous, esseulée de tout ?

Mais là où vous êtes
C'est un lieu bizarre, Mon Dieu Mamine...
Un endroit...
Ni beau ni laid
Un terrain pacifié mais pas satisfaisant
Dont vous avez bien raison de vous foutre

Un vague endroit
Où la Mairie doit, un jour...
changer cet arbre mort,
Au centre de votre si petit mémorial

Plus grand que vous
Mais encore plus mort est cet arbre
Et le Grand Jardinier n'est plus là lui aussi
Qui faisait pousser tomates rouges de chez rouge
Et des violettes de chez Toulouse
Et de rouges grenades...
Les courgettes et grosses cucurbitassées
Devant lesquelles on s'extasiait
Fiers contre tous
Fiers de la malice du Jardinier
À combiner mille et une combines
Avec la terre et l'eau
Ô Diable comment faire désormais ?
Le Grand Jardinier a rendu son beau tablier
Comment faire pour ne pas oublier
le Vieux Jardinier et ses vieilles et noires mamies ?
Comment faire
Pour veiller vaillemment
Car il faut veiller
Il n'y a que cela à faire :
Veiller.

Tout comme
Nous ne serons bientôt plus là,
Nous non plus
Plus là !
Plus là pour faire tout ça
Et
Pour vous dire "Merci" pour la vie
Merci pour la "disparition"
Merci pour l'effacement
Le coup de gomme
Celui qui sent si fort les vieux caoutchoucs
Merci
Pour la dispersion, cette grande leçon
Merci pour les pierres et cailloux de Caillois
Ce texte, je viendrai vous le lire
C'est promis
De vive voix sonore
De voix vive et trébuchante
De voix triste
De voix joyeuse
Sur feu de Dieu
Oui
Mamy Blue
Pap' Can you help me
Je viendrai
Je ne crains pas le ridicule
Ni les fromages qui puent les ambiances infécondes
Car ça, c'est pas de chez nous
Ni l'incompréhension.
Moi, je suis pour
Pour la dispersion, cette grande leçon.
Alors
Merci pour l'absence
Merci pour l'oubli
Et pour les pierres et cailloux de Roger Caillois

Ce texte, je viendrai vous le lire
Celui qui parle des pierres
Des pierres qui reposent
C'est promis
Je viendrai
Je viendrai
Il faut impérativement que je vienne
Même toute seule
Dire ça
Et
Pour vous voir.

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