samedi 19 septembre 2009

LE GÉNIE DE L'OUTILLAGE - Les outils sont comme des mots, ils sont tout un langage. Le Livre de l'outil est, lui, un trésor.

Paru tout d'abord en 1976 pour l'édition originale, il est ressorti en 2003 dans sa maquette d'origine, respectueuse de l'état d'esprit dans lequel il fut conçu.

J'ai rencontré ce livre il y a peu, par hasard, en musardant au rayon Arts d'une très belle et très grande librairie. Je venais d’hériter d’une belle quantité d’outils de mon père et de ceux avant lui.
Intéressée autant par mes ascendants que par cette étrange confrérie d’objets aussi mystérieux que complexes, Le livre de l’outil n’eut, dès lors, qu’un modeste clin d’œil à m’adresser.
L'ayant saisi, j'ai vite compris que j'allais demeurer longtemps là, à l'examiner sous toutes ses belles coutures, captivée non seulement par son sujet mais par l’époustouflante qualité de l’ouvrage. J'ai compris que lui et moi, nous deviendrions complices d'âme, au sens où les couteaux et le silex ont une âme vraiment nécessaire...

Alors, je me suis assise sur le petit tabouret que le libraire bienveillant avait offert à mon séant. Ça le valait bien car l'ouvrage pesait dans les trois kilos.
Le Livre de l'outil n'est pas un livre ordinaire. Et - disons-le tout de suite - je m'en suis rendue propriétaire afin de continuer d’en jouir durablement : 95 euros. Ça les vaut. En fait, c’est aussi un livre de « poésie ».
Le Livre de l'outil dresse l'inventaire des mille et une ruses qu'à su se donner la main humaine depuis qu'elle existe, pour satisfaire au désir de conquête qui lui est propre et unique.
Cet inventaire, loin d'être fastidieux, sèchement savant ou purement technique montre ici, dans un texte magnifique et exemplaire, la fantaisie imaginative qui préside à la conception et à la fabrication d'un outil.
On est saisi par la beauté du texte, sa profonde intelligence, sa belle intelligibilité. On imagine que ses auteurs ont été en phase avec les textes de Gaston Bachelard que sont La terre et les rêveries de la volonté, La psychanalyse du feu, ou encore La terre et les rêveries du repos.
C'est ce qu'il fallait sans doute pour faire de ce livre un véritable trésor, trésor à la hauteur de son sujet que l’illustration, très abondante, remarquablement choisie et légendée
vient confirmer haut la main…
Exemples-citations :
« Toute considération seulement technique sur l’outillage est une considération étriquée et nulle. Un geste non conscient de ses origines et de ses fins érige des murs aveugles. ».
« Le règne des spécialistes est celui de la séparation, de la dépossession ; les détenteurs d’une spécialité, eux-mêmes rendus inaptes à toute pensée de l’universel, comme à toute rêverie authentiquement pratique. »

Seul compte vraiment, en définitive, qu'il soit sauvage ou civilisé, barbare ou discipliné, le travail ouvrier.

C'est ce que me dit ce livre, sa leçon de beauté, son hypothèse d'humanité.

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