mardi 8 septembre 2009

Rentrée littéraire (ter) Martine parandélève

Campagne de promotionnelle
Martine a emmené sa fille Lil flâner à la librairie branchée de son patelin.
Ci-dessus les étals du libraire. Au fond, le libraire en personne

Martine s’ennuie aux “nouveautés”, dont la profusion indécente, cette rentrée, malgré la "crise", gave encore jusqu’à l’écœurement.

Elle n’est pas venue pour ça, mais pour commander de vieilles choses introuvables.
Autant dire pour la gloire.

Lil, à peine partie au rayon “enfants”, ramène un livre qu’elle réclame à sa mère.

«Non !» lui répond sèchement celle-ci. C’est net, tranchant et catégorique.

La dame à côté lève brusquement la tête vers Martine. Si si : elle a tressailli.

Rien qu’à sa touche - et vu le temple où l’on se trouve - Martine devine sa pensée unique.
Au bout d’un moment, la petite, éconduite mais pas découragée, a ramené un autre livre, plus modeste, pensant sans doute que cette fois-ci ça va marcher : «Allez, maman... s’il te plaît...»
Mais sa mère lui achète au moins deux livres par semaine. Cette semaine ça a été quatre - non cinq ! - livres.

Et ça, la dame qui "espinche" ne le sait pas.

«Non et non ! C’est non !» aboie Martine, excédée pour de bon.
La dame est toujours là, à côté, genre intello de gauche en proie à l’échec scolaire des autres.

À ce deuxième refus, elle n’a pas bronché, son opinion est faite., ça se voit - à peine - à la forme qu'a pris son sillon naso-génien. Mais, la tête farouchement baissée, elle se délecte, pensant passer sans aperçu...


Alors, cette fois, Martine - qui l’a reniflée - reprend, toujours aussi sèchement à l'intention de la bonne femme cette fois-ci : «Écoute Lil, ça suffit ! Des livres tu en as déjà beaucoup trop ! Et tu les as pas tous lus ! Et puis, tu sais, les livres, quand ils deviennent trop nombreux, ils se liguent contre les enfants pour, à la nuit tombée, venir les manger ! Les tiens, si on en achètent encore d’autres, vont faire comme les gens qui, quand ils sont trop nombreux, deviennent sauvages et incontrôlables. En vérité, tous ces livres sont féroces, et ils n’attendent que ça : venir te dévorer ! Il paraît qu’il commencent par les pieds ! Et c’est terrible !»


La dame à côté a pâli. Elle tremblote de toute sa fibre, son hypothalamus pédagogique en est tout ébranlé.


Demain matin elle dénoncera Martine à la DASS.

Et aussi, pour faire bonne mesure, à l’Inspection académique.
Surtout, elle racontera à son entourage et à ses amis ce cas pitoyable qui l’a si profondément révoltée. Et tous opineront du chef, partageant dans une consensuelle affliction son noir caviar en disant : «Ça ma bonne amie, c’est du F.N. tout béni ! »

Et la dame sera réconfortée. Un peu.

Mais tout ça c'est si bon !

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